Une mine de tungstène ?
Qu’est-ce que le tungstène ?
Le tungstène est un métal lourd et de grande densité. Il résiste à la corrosion et fond à très haute température. Les principaux minéraux qui le contiennent sont la wolframite et la scheelite.
Sa combinaison avec d’autres métaux comme l’acier ou le carbone permet d’augmenter leur dureté et leur résistance à la chaleur. En France, le tungstène est principalement utilisé dans l’industrie pour fabriquer des outils d’usinage et de coupe mais aussi dans les domaines aéronautique, automobile, spatial, métallurgique, éclairage, etc.
Le tungstène est un métal rare. Son importance économique et sa faible disponibilité dans le monde font de lui un matériau considéré comme « critique » par la France et l’Union Européenne. L’exploitation du gisement de La Fumade permettrait ainsi de valoriser une ressource locale et de relocaliser, dans de meilleures conditions, une partie de la production de tungstène sur le territoire national et de réduire la dépendance de la France aux autres pays producteurs. La Chine produit 85% du tungstène consommé dans le monde, dans des conditions sociales et environnementales bien différentes de celles qui sont imposées en France ou en Europe.
Réglementation en vigueur
Depuis 2012, et avec une volonté politique affichée de relancer des projets miniers sur des ressources stratégiques, une réflexion sur une réforme du Code Minier a été engagée. Cette réforme, qui viserait notamment une mise en conformité avec le Code de l’Environnement, est en cours d’élaboration.
Dans l’état actuel du droit minier, on distingue 4 étapes :
- La demande de Permis Exclusif de Recherche de Mines, qui permet d’obtenir le droit de travailler sur la zone ;
- L’exploration, qui permet d’identifier les ressources probables puis exploitables
- La demande de Concession Minière, qui permet d’obtenir le droit d’exploiter ;
- L’exploitation, durant laquelle on extrait les ressources
Ces quatre étapes sont menées à chaque fois, selon la démarche ERCAS : Eviter, Réduire, Compenser, Accompagner, Suivre.
Les mines de tungstène en France
La France avait 8 mines de tungstène en exploitation au 20è siècle. Les dernières de ces mines ont fermé dans les années 1980.
Le gisement de tungstène de La Fumade a été mis en évidence au cours de l’Inventaire des ressources minières du territoire, mené par le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières, le service géologique national) dans les années 1970.
Des travaux d’exploration ont été à nouveau réalisés dans les années 1980 par l’entreprise ELF-Aquitaine, qui avait obtenu une concession. Le cours du tungstène s’étant effondré, aucune mise en exploitation n’avait finalement été entreprise.
La société française Tungstène du Narbonnais a pour objectif la mise en valeur et l’exploitation du gisement de tungstène de La Fumade sur la commune de Fontrieu.
Pour ce faire, Tungstène du Narbonnais a fait récemment la demande d’un « permis exclusif de recherche de mines » (PER) auprès du ministre de l’Économie, en charge des mines. Un tel permis donne le droit exclusif de rechercher une ou plusieurs substance dans un périmètre donné (ici, 4,5 km2) durant 5 ans.
Un opportunité national de relance des projets miniers
Comme bon nombre de pays européens, la France a tiré de son sous-sol d’importantes ressources. Le charbon particulièrement, mais aussi de nombreux métaux, ont permis au XIXème et au XXème siècles son essor industriel.
La crise industrielle majeure des années 70-80 a vu la fermeture de la majorité des puits et mines situés sur le territoire français, essentiellement par épuisement des ressources exploitables à des coûts raisonnables face à la concurrence d’autres pays.
En 2012, Arnaud Montebourg, ministre de l’Économie et du Redressement productif, affirme la volonté de la France de relancer l’activité minière. Emmanuel Macron confirme cette ambition à son arrivée au pouvoir : « il est aujourd’hui possible d’exploiter des mines dans des conditions soutenables sur le plan environnemental et social ».
Dans le contexte actuel de fort accroissement des besoins en métaux et ressources minérales (OCDE), un panorama du marché du tungstène a été réalisé en 2011 par le BRGM. Ce panorama évalue ce métal comme une ressource critique : d’une importance stratégique pour l’industrie et l’état français, mais soumise à un haut risque de rupture d’approvisionnement. Au niveau européen, le tungstène a été mis sur la liste des métaux stratégiques de l’Union européenne (UE).
Afin de sécuriser l’approvisionnement français, plusieurs voies sont explorées, notamment le développement du recyclage des métaux critiques (COMES, 2018) et la reprise de l’extraction de métaux sur le territoire. (CGE, 2019)
Ainsi, dans son avis rendu le 22 janvier 2019 sur la dépendance de la France aux métaux stratégiques, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) propose notamment des mesures permettant de relancer l’industrie minière française dans des conditions juridiques, sociales et environnementales sûres.
Sources et références pour aller plus loin
- ABBE J.F., AUDION A.S. (2012) – Panorama 2011 du marché du tungstène – Rapport public . BRGM/RP-61341-FR, 108 p. http://infoterre.brgm.fr/rapports//RP-61341-FR.pdf
- SAINT AUBIN P .La dépendance aux métaux stratégiques : quelles solutions pour l’économie ? Les Avis du CESE. Janvier 2019. https://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Avis/2019/2019_03_metaux_strategiques.pdf
- HOMOBONO N., VIGNOLLES D., Analyse de la vulnérabilité d’approvisionnement en matières premières des entreprises françaises. Conseil Général de l’Economie. Mars 2019. https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/cge/Rapports/Rap2018/CGE_Rapport_Analyse_approvisionnement_MP.pdf